feat. SoloNo thoughts ; no prayers (01/03/21)
TW: MORT
Le vent souffle autour de toi lorsque tu t’autorises à prendre l’air aujourd’hui. En solitaire loin des bâtiments du camp, tes épaules s’affaissent lorsqu’un semblant de tranquillité semble t’atteindre.
Les temps sont difficiles. C’est une phrase que tu répètes depuis le début de la crise, lorsque Lupa a disparu. Des mois déjà que cette situation stagnait avant que la descente vers les enfers ne s’amorce et ne vous englobe tous. Depuis que l’hydre est apparue dans le camp en janvier, les attaques s’enchainent et les pertes s’accumulent, autant humaines que matérielles et c’est bien ce qui t’atteint le plus quand tu y penses : les corps. Mutilés, agonisants ou morts, tu ne peux empêcher ton cœur de se serrer en réalisant à quel point l’échec te fait du mal. Tes espoirs s’emportent peu à peu comme les bourrasques qui sifflent autour de toi ; ton manque de compréhension te fait remettre beaucoup de choses en question.
Tu ne sais pas quoi faire.Le travail s’enchaine au sein de l’infirmerie ; après chaque attaque c’est le même schéma qui se met en place. Tous ceux en mesure de soigner se mettent sur le pied de guerre pour tenter de sauver les vies de leurs camarades blessés lors d’un combat. A force, l’odeur du sang se fait oublier ; ne reste que les bips incessants des machines ainsi que les râles douloureux de ceux qui se refusent à sombrer dans l’inconscience. Sinon, c’est le silence qui hante, reposant seulement pour ceux à qui la vie avait été ôtée par les griffes d’un monstre. Tu n'as jamais autant fréquenté la morgue que ces dernières semaines et à chaque fois le rappel est aussi violent qu’un coup de couteau dans le cœur.
Tu ne peux pas sauver tout le monde.« Why don’t they speak to us instead of letting their anger explode? » Les questions reviennent toujours, inlassablement. Qu’avez vous fait (ou pas fait) pour que les dieux s’en prennent à vous de cette manière ? Pourquoi les Trois Grands faisaient se déchaîner monstres et éléments contre vous alors que tous les autres dieux demeuraient silencieux ? Qu’allait-il advenir de vous, à force ? Tu n’avais aucune réponse à ces questions, mais dans un dernier élan d’espoir (ou d’abandon complet), tu finis par te rendre à la Nouvelle Rome malgré la météo qui se déchainait dehors.
Tu ne sais pas vraiment ce que tu viens chercher à cette heure, mais ta bière pèse lourd dans ta main alors que tu pénètres dans le temple de Mars. Des réponses ? Non, tu sais qu’on ne te répondra pas et l’endroit est mal venu pour chercher de la compagnie. Pourtant d’une certaine manière, tu en as besoin. Ou plutôt, tu ressens le besoin de parler, d’ouvrir les vannes pour te sentir un peu mieux. Vider ta tête.
« Hey, uhm. Happy new year, I guess… » Ton regard se perd un instant dans la contemplation de la statue censée représenter le dieu avant de tomber sur les offrandes disposées çà et là sous ton nez.
« Sorry I only bring some ambrosia for you. » La bouteille que tu tenais était pour toi ce soir, mais ça ne t’empêchait pas de poser la nourriture divine avec le reste avant de reprendre la parole.
« I hope you don’t mind my presence but I needed to talk. I… I don’t know what I should do with the camp. Everything is going to shit. » C’est le sentiment que tu portes avec toi, tu es perdu et n’a pas l’impression que tes décisions aient un réel impact sur le camp.
« Ten years as a centurion and I am completely lost. I don’t even know where to begin with… » Tu souffles du nez, dépassé par ce que tu vivais et par ce que tu devais faire. Tu étais bon centurion, mais la place de prêteur te faisait bien réaliser qu’il te fallait une personne d’autorité au-dessus de toi pour garder un certain encadrement dans ce que tu faisais. Tu bois une gorgée de la bière avant de prendre le temps de respirer pour contrôler tes émotions.
« Another one of your sons is dead the other day, killed by a drakon after it poisoned him. I couldn’t do anything to save him. » Le remord te bouffe avec tous les corps que tu as vu passer à la morgue. Tu aurais pu en sauver certains si ton pouvoir ne se contentait pas de soigner uniquement les lésions.
« He was a nice guy, I miss him already. » Comme tous les autres qui avaient donné leur vie pour le camp avant. Le silence retombe dans le temple pendant quelques minutes, tu réfléchis dans le vide, hésite, fait ton deuil, tout en même temps avant de venir t’accoler à l’une des colonnes du temple et glisser au sol.
« What would you do if you were me ? Everyone is doing their best against the monsters but they’re getting tired and hurt. I don’t know how long they can do that. The silence doesn’t help and the weather… » Tu soupires.
« They all think you’re abandoning us and I’m starting to think of it too. » Et pourtant, tu es là, à parler dans le vide, à espérer être entendu et compris du dieu de la guerre, mais peut-être aussi des autres dieux.
« But it doesn’t click, right ? If you decided to become silent, something must have happen, but what ? I’d ask Jupiter or Neptune if I could, but it seems like they can’t hear us because they’re so angry… » Ton regard se porte vers la sortie du temple où dehors, la pluie tombait.
« Do you think, perhaps, you could send them a message ? I know you’re not Mercury, but since it’s Feriae Marti I thought you’d be closer to us, to hear us… » Et comme tu le disais juste avant, tu n’étais pas sûr que Jupiter ou Neptune t’entendent si tu essayais de les prier, alors tu préférais passer par une autre divinité importante du panthéon.
« I want to understand what happened, find Lupa and restore the barrier. To just… go back in time when everything was kinda fine. » Quelque chose du genre ;
un temps de paix. Mais tout ce que tu semblais voir pour le futur te semblait sombre. Il y aurait encore des attaques, encore des blessés, encore des morts. Peut-être que cela finirait en guerre et si c’était le cas, tu espérais que les célébrations faites au dieu de la guerre en ce premier mars vous soient bénéfiques sur le champ de bataille. L’arrivée du printemps dans la Rome Antique sonnait le début de la saison guerrière et peut-être,
peut-être, cela vous serait utile d’une manière ou d’une autre face au mal que vous traversez. Bon, vous accumuliez un retard de deux mois, mais il n’était jamais trop tard pour se relever et reprendre l’avantage. Il fallait y croire, même si c’était de plus en plus difficile.
« Well, I guess I’ll figure it out with the others when I’ll get back to the camp. » Tu ne baissais pas les bras. Même s’il te manquait des éléments dans ce puzzle géant, tu n’abandonnerais personne. Tu serais là pour Rome et le camp et ce peu importe la violence de la tempête qui vous tombait dessus. Le vent était ton domaine aussi, alors tu trouverais bien le moyen d’en apaiser les courants.