Le temps passait incroyablement vite. Artémis peinait à compter les jours sous la pluie, depuis le black-out. Elle avait passé la soirée mortifiée pour découvrir au matin que son frère était parti. Ça avait fait mal, plantée en plein coeur, la jeune femme s’était effondrée, avant de vite se ressaisir, pour Izia. Sans sa meilleure amie, l’avocate ne serait pas aussi forte, c’était indéniable. Izia, heureusement, semblait avoir vécu une meilleure nuit qu’elle.
Après le black-out, la jeune femme avait enchainé les affaires ; la ville avait été mise à sac et il y avait beaucoup de monde qui avait besoin d’un avocat en ces temps. Mais elle avait réussi à s’éloigner un peu du bureau pour rejoindre le Queens, dans cet orphelinat où elle donnait régulièrement, s’étant liée d’amitié avec la vieille Amilia, une femme qui, après le décès de son fils quand elle était plus jeune, avait repris un orphelinat dans une grande maison. Elle n’était plus toute jeune, mais elle s’occupait des enfants comme elle pouvait, et toujours avec bienveillance. Artémis l’aidait d’un point de vue financier, c’était un de ses petits secrets, son petit coin isolé du monde, de tous. Il n’y avait plus beaucoup d’enfants aujourd’hui, Amilia se sentait vieillir, elle ne voulait pas les abandonner, si besoin.
Alors Artémis avait trouvé cela bien étrange en revenant plus d’une semaine après que la cour soit vide. On l’avait appelé pour une affaire importante à l’orphelinat, mais elle angoissait à l’idée. Dehors, un petit brun jouait avec un ballon de foot, contre le mur, dans un cirer avec une paire de botte jaune trop grande pour lui. Artémis l’observa un instant avant de rentrer, et de froncer les sourcils en remarquant deux hommes en discussion.
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Bonjour, maître Artémis Hadley... On m’a demandé à me voir.–
Ah maître, bonjour. Je suis Oliver Fritz, notaire. Je suis content de vous voir et... si désolé. La jeune femme fronça les sourcils et il poursuivit :
Madame Zimmerman est décédée la nuit dernière. Elle n’a pas souffert, mais.. elle avait pris soin de vous mettre dans son testament, c’est pour cela que je voulais vous voir.C’était sans doute la goutte de trop, pour Artémis. Elle encaissa la nouvelle, se forçant à dissimuler les larmes qu’elle avait aux yeux. Le garçon qui devait être dehors devait être le fils du notaire. Il lui expliqua qu’elle héritait de la maison, des biens d’Amilia ainsi que de son pécule. Ils discutèrent un temps, avant de retourner à l’extérieur, où la pluie n’avait cessé. Arty désignant le bambin en botte jaune qui courrait pour aller chercher son ballon :
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C’est votre fils ?–
Non. Non c’est un gamin qui a été amené hier matin... ses parents sont décédés lors de la grande panne, dans un accident de voiture. Il a été blessé et l’hôpital nous l’a confié dès qu’il allait mieux. Je vais tâcher de lui trouver une nouvelle place en orphelinat, l’hôpital devrait pouvoir le reprendre en attendant.La jeune femme posa les yeux sur le petit brun, avant de descendre les marches du manoir , avant de s’approcher du gamin qui revenait avec son ballon, en courant dans ses bottes jaunes, avant de s’accroupir à sa hauteur, ravalant ses larmes. Le gamin s’arrêta à sa hauteur, penchant un peu la tête sur le côté quand l’avocate s’adressa à lui :
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Salut bonhomme. Je m’appelle Artémis. C’est quoi ton nom ?–
Noa. Je m’appelle Noa.